Pendant plus d'un siècle, géologues et prospecteurs ont cherché des gisements de diamants en Amérique du Nord, sans autre succès que des indices timides, jusqu'à la découverte d'un groupe de kimberlites dans les Territoires du Nord-Ouest, qui devint Ekati, la première mine de diamants du Canada. Cette découverte révolutionnaire, synonyme du nom de Charles E. (Chuck) Fipke, est l'aboutissement de la poursuite acharnée de ce dernier à la recherche d'insaisissables minéraux indicateurs de diamants sur des centaines de kilomètres, depuis la vallée du fleuve Mackenzie vers l'est jusqu'à leur source, près du lac de Gras. Son associé, le géologue Stewart Blusson, le géologue économique Hugo Dummett et le professeur John Gurney de l'université du Cap ont également contribué à cette quête. Le succès épique de cette découverte, réalisée avec un budget réduit grâce à une science innovante, a déclenché une ruée vers les jalons, inspiré d'autres découvertes et créé une nouvelle industrie pour le Canada.
Né à Edmonton, en Alberta, M. Fipke a obtenu une licence en géologie à l'université de la Colombie-Britannique (UBC) en 1970. Sa nature aventureuse l'a conduit en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Afrique du Sud, au Brésil et dans d'autres lieux exotiques où il a travaillé pour des sociétés de premier plan telles que Kennecott et Cominco et a été intrigué par l'utilisation de la géochimie des minéraux lourds comme outil d'exploration.
En 1977, M. Fipke a ouvert la société CF Mineral Research, basée à Kelowna, pour se spécialiser dans le traitement et l'analyse des minéraux lourds. Il a ensuite géré un programme d'exploration des diamants pour Superior Oil, qui a finalement mené au Nord canadien. Après le retrait de Superior Oil en 1982, Fipke et Blusson ont poursuivi leurs recherches en créant Dia Met Minerals en 1984. Ils font partie des rares géologues canadiens à comprendre l'importance des minéraux indicateurs associés aux kimberlites diamantifères et la manière dont ils peuvent être remontés jusqu'à leur source. Ce n'était pas une tâche facile dans le Nord, où les trains de minéraux ont été transportés sur de grandes distances par l'activité glaciaire.
Fipke a persévéré et a trouvé des preuves de la présence de kimberlites diamantifères près du lac de Gras. Son succès a conduit Dia Met à conclure un accord commercial avec l'employeur de Dummett, BHP Minerals, en 1990, et les partenaires ont annoncé leur première découverte de diamants en 1991. Cet événement a déclenché une ruée massive de jalonnement qui a conduit à plusieurs autres découvertes dans la région.
L'ouverture officielle de la mine d'Ekati en 1998 a été un événement transformateur, car elle a fait du Canada le troisième producteur de diamants de haute qualité en termes de valeur et a jeté les bases d'une nouvelle industrie progressiste employant des milliers d'autochtones et d'habitants du Nord.
M. Fipke a également contribué à la croissance de l'industrie en publiant le premier guide sur l'exploration des diamants à l'aide de la géochimie minérale indicatrice. Il reste actif dans le domaine de l'exploration minérale, entre autres activités. En 2006, il a créé le Charles Fipke Centre for Innovative Research à l'UBC Okanagan et, en 2009, la Fondation WildAid Canada pour la protection des espèces menacées.
Outre un doctorat honorifique en technologie de l'Okanagan University College, M. Fipke a reçu de nombreux prix pour ses réalisations, notamment le prix de l'homme de l'année dans le secteur minier (1992), le prix du prospecteur de l'année (1992), le prix H.H. "Spud" Huestis (1997), le prix Daniel C. Jackling (2004) et le prix Robert M. Dreyer (2005).