Pendant près de quarante ans, Nathanael Davis a été la force motrice d'Alcan, qui est devenue une multinationale canadienne progressiste et un leader mondial de l'industrie de l'aluminium aux multiples facettes.
D'une voix douce et sans prétention, M. Davis a présenté Alcan au monde, et le monde à Alcan, grâce à des qualités personnelles qui ont inspiré une confiance quasi-universelle. Sous sa tutelle, "faire ce qu'il faut" est devenu une discipline d'entreprise bien avant que cela ne devienne une pratique d'entreprise à la mode. Ses principes, non écrits au départ, ont été intégrés dans un manifeste officiel en 1978, représentant l'un des premiers précurseurs des codes de conduite actuels des entreprises.
M. Davis est né à Pittsburgh, en Pennsylvanie, en 1915. Diplômé de Harvard (cum laude) en 1938 et de la London School of Economics en 1939, il a ensuite rejoint Alcan, où il a travaillé sur les expéditions d'aluminium canadien vers les acheteurs américains en temps de guerre. Il contribue également à l'effort de guerre à titre personnel, en servant comme officier dans la marine américaine, principalement sur le théâtre du Pacifique, de 1942 à 1945. En 1947, à l'âge de 32 ans, M. Davis succède à son père Edward à la présidence d'Alcan, devenant ainsi l'un des plus jeunes directeurs généraux à diriger une grande entreprise internationale.
L'après-guerre a vu une augmentation de la demande d'aluminium, alors considéré comme un "métal miracle" pour son utilisation dans les transports, la construction, la transmission d'énergie et l'emballage. M. Davis a guidé Alcan lorsqu'elle s'est lancée dans ce qui était alors la plus grande entreprise privée de l'histoire du Canada, le projet Kitimat-Kemano, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Les travaux ont commencé en 1950 avec le développement et la construction d'un important projet hydroélectrique et d'une aluminerie d'une capacité de 286 000 tonnes. Davis modernise les alumineries d'Alcan au Québec. La production double, atteignant 800 000 tonnes par an à la fin des années 1980, contribuant au succès du secteur de la fabrication au Québec et en Ontario. Il a favorisé la croissance d'Alcan en investissant dans de nouvelles mines de bauxite, notamment en Jamaïque, et dans de nouvelles usines et fonderies dans des dizaines de pays. Pendant son mandat, les actifs nets d'Alcan ont été multipliés par 15, les ventes en dollars par 29 et le bénéfice net par 16. En 1986, sept ans après que M. Davis soit devenu président non exécutif, Alcan était une entreprise mondiale de 6 milliards de dollars, employant 67 000 personnes dans le monde, dont 16 000 au Canada.
Philanthrope, il a été pendant 33 ans président des fondations Arthur Vining Davis, créées par son oncle. En 2004, ces fondations ont accordé des subventions d'un montant total de 9,9 millions de dollars en faveur d'institutions éducatives, culturelles, scientifiques et religieuses aux États-Unis. Mais son plus grand héritage est peut-être la remarquable vénération qu'il a suscitée parmi ses employés et ses collègues au Canada et à l'étranger. Si l'une des caractéristiques d'un dirigeant d'entreprise est d'être "plus un mentor qu'un nabab", alors M. Davis était un leader qui avait peu d'égaux. Comme l'a écrit un ancien employé en hommage à sa mort : "Son mandat de PDG et de président a couvert l'une des périodes les plus passionnantes du développement international d'Alcan. Mais c'est en tant que personne, en tant qu'être humain, qu'il a touché la vie de beaucoup d'entre nous. Il a donné un ton d'intégrité et d'honnêteté qui pouvait être ressenti dans tout ce qu'Alcan faisait, et que nous avons porté avec nous dans les coins reculés du monde où nous opérions".