Se faire connaître au cours d'une vie, que ce soit en tant que prospecteur, scientifique, mineur ou bâtisseur d'entreprise, n'est pas une mince affaire ; chaque profession exige un haut degré de talent, de compétence et d'énergie. Ces trois qualités, Norman Keevil les possédait et les utilisait en abondance, comme en témoigne le fait qu'il ait atteint la prééminence dans ses quatre domaines d'activité. L'impressionnante organisation minière Teck d'aujourd'hui est un monument à son caractère aux multiples facettes.
Norman Keevil est né dans une ferme du Saskatchewan en 1910. Il obtient une licence en sciences à l'université de Saskatchewan en 1930 et un master en sciences en 1932. Il passe les années de dépression à travailler pour la Commission géologique du Canada, acquérant une connaissance pratique de la géologie lors de travaux de cartographie dans les Prairies et les Territoires du Nord-Ouest. Il entre ensuite à l'université de Harvard et obtient un doctorat en 1937, suivi de trois années de recherche post-doctorale en géophysique au MIT. En 1943, il est rentré au Canada pour enseigner la géophysique à l'université de Toronto. En tant qu'universitaire, il a publié 42 articles scientifiques.
M. Keevil a quitté sa carrière universitaire en 1946 pour fonder la Mining Geophysics Corporation, une société de conseil. En tant que consultant auprès de la Dominion Gulf Company, il s'est familiarisé avec un dispositif magnétique aéroporté mis au point pendant la Seconde Guerre mondiale pour la détection des sous-marins. Lorsque le détecteur a été déclassifié pour être utilisé en temps de paix, M. Keevil et son équipe ont commencé à l'utiliser et à intégrer ses données en termes de géophysique minière.
Au cours des essais de cet équipement pour la Dominion Gulf Company, pour laquelle il a parcouru quelque 100 000 miles, une forte anomalie magnétique a été découverte dans la région du lac Temagami. Gulf décide de ne pas donner suite à cette découverte et, lorsque M. Keevil quitte la société en 1947, il est libre d'explorer la région. Sept ans plus tard, M. Keevil et ses associés réussissent à trouver le gisement de cuivre à haute teneur qui deviendra la mine Temagami. Cette découverte a eu un double effet : les levés magnétiques aéroportés ont changé la nature de l'exploration minière et la mine Temagami est devenue la racine de l'énergique Teck Corporation qu'il a fondée.
De 1963 à 1981, date à laquelle il est devenu président du conseil d'administration, M. Keevil a dirigé la société Teck en tant que président et directeur général. Au cours de cette période, Teck a acquis des intérêts majeurs dans un groupe de mines à une vitesse fulgurante. Des noms miniers familiers tels que Mattagami, Pickle Crow, Teck-Hughes, Lamaque, Kirkland Minerals, Tegren, Consolidated Howey, Canadian Devonian Petroleums, Steelman oil fields, Highland-Bell, Beaverdell, Iso Mines, Brameda Resources, Highmont et Afton sont passés sous le drapeau de Teck.
Le génie du Dr Keevil en tant que scientifique dans le domaine de la géophysique minière lui a été très utile pour localiser les propriétés minières viables et pour évaluer les propriétés en vue d'une éventuelle acquisition. En plus d'un jugement solide sur le contenu des mines, il a fait preuve d'un jugement et d'une expertise équivalents dans le domaine très important du financement des mines. D'autres mines passent sous la bannière de Teck au cours des années 1970, l'une des plus spectaculaires étant une coentreprise avec International Corona Resources dans la mine David Bell à Hemlo.
À la mort du Dr Keevil, à l'âge de 78 ans, les intérêts miniers de la société qu'il a fondée s'étendent de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve.
Parmi les nombreuses distinctions qu'il a reçues figurent l'Ordre du Canada, la médaille Inco décernée par l'Institut canadien des mines et de la métallurgie et la médaille Edgar A. Scholz.
Homme modeste, il était néanmoins visiblement ravi d'un exploit : un but qu'il avait marqué pour Teck lors du match de hockey annuel au Maple Leaf Gardens de Toronto contre la meilleure équipe que l'Association des prospecteurs et des développeurs avait pu réunir. Il avait alors 78 ans.